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Appauvrissement de la langue française : mythe ou réalité ?

  • MSchaller
  • 30 mars 2020
  • 3 min de lecture

« Rien n'est jamais acquis à l'homme, dit Aragon ; rien n'est jamais acquis aux mots non plus. C'est pourquoi le dictionnaire n'est jamais figé, pourquoi il est vivant, c'est une des raisons pour lesquelles on l'aime.»

La langue serait donc vivante et riche si elle est en continuel changement. Dès lors si les nouveaux mots enrichissent la langue française, on assiste à un appauvrissement de la langue avec la disparition des mots d’argot d’autrefois. De plus, à l’heure où les réseaux sociaux incitent à une écriture télégraphique, les syntaxes élégantes et les subtilités de notre belle langue française tendent à disparaître elles aussi.



Selon l’écrivain Claude Duneton, le vocabulaire de la jeunesse s’est appauvri pas seulement au niveau du français chatié mais aussi en ce qui concerne les mots d’argot. Les jeunes ignorent aujourd’hui : « pèze » pour fric, pognon, thune ou encore « troquet » pour bistro ; « burlingue » pour bureau, « sèche » pour cigarette etc. Duneton pense que le phénomène est dû au peu d’échange avec les parents et pour les mots d’argot en particulier, avec les grands-parents.

Malheureusement donc ces mots croustillants d’argot semblent avoir leurs jours comptés.


Quant à Martine Rousseau, écrivaine et correctrice, elle se demande comment « redonner goût aux mots, une saveur à l’orthographe ». Selon elle, dans les articles journalistiques, on peut constater à quel point la langue s’appauvrit, on utilise les mêmes termes, les mêmes tics de langage, etc. Les nouvelles technologies n’arrangent pas les choses : il faut synthétiser sa pensée en quelques signes : « tout ce qu'on avait l'habitude de faire sur une lettre a complètement été effacé. On ôte les majuscules, la ponctuation disparaît... Ne pas ponctuer son message, c'est le déconsidérer et ne pas respecter son interlocuteur. Si vous structurez bien votre pensée, vous ponctuez bien. » Le français est en danger en raison du « rouleau compresseur américain , de la sécheresse du vocabulaire, de la paresse des gens, des médias qui ne cherchent plus de synonymes ». Martine Rousseau ajoute : « la poésie, par exemple, permettrait de sortir d‘une langue toute faite, rigide et froide comme la mort ».


A l’évidence la langue française s’appauvrit au regard des deux critiques qui précèdent. Pour ce qui est de son enrichissement voici un échantillon des 150 nouveaux mots couramment utilisés qui feront leur apparition dans l'édition 2020 du dictionnaire Larousse en mai prochain.

La "fachosphère" (ensemble des groupements politiques fascistes et d'extrême droite), le "slasheur" (personne qui exerce plusieurs emplois en même temps), le "bore-out", (l'ennui profond éprouvé par certains salariés au travail), la "dédiésélisation" (la réduction du nombre de véhicules fonctionnant au diesel), le "locavorisme" (la consommation de fruits et légumes de saison pour favoriser le développement durable), la "bigorexie" (l'addiction au sport), la boboïsation (transformation d'un lieu populaire par l'arrivée en nombre de bobos (bourgeois-bohême) etc.

Et les anglicismes ? sont-ils un enrichissement ou un appauvrissement de la langue ? leur emploi n’indique pas une certaine paresse ? voici une poignée d’exemples plus ou moins récents : gameur (joueurs en ligne), like et liker (qui apprécie un contenu sur le web), playlist (liste de morceaux de musiques compilés) et aussi : lunch, business, meeting, mail, chat, etc. Tous entrés dans le langage courant alors que certains diraient qu’on peut remplacer mail par courriel, chat par causerie, meeting par rendez-vous de travail, etc.


Alors mythe ou réalité ?

Comme on l’a vu, le français semble en danger de s’appauvrir mais d’autre part de nombreux mots qui sont dans l’air du temps viennent l’enrichir ; donc la réponse est mythe ET réalité.


A la prochaine causerie !

1 commentaire


famille-regamey
20 avr. 2020

Je me permets une petite histoire concernant la ponctuation.


Un inspecteur visite une salle de classe, dans laquelle l'instituteur insiste sur l'importance de la ponctuation. L’inspecteur émet des doutes en disant qu'une virgule oubliée ici ou là ne peut avoir de grandes conséquences.

L'instituteur envoie un élève au tableau et lui fait écrire:

"Le professeur, dit l’inspecteur, est un âne".

- Je n'ai jamais dit ça, se défend l'inspecteur.

L'instituteur fait alors changer la ponctuation, ce qui nous donne:

"Le professeur dit: l’inspecteur est un âne".


Mimi


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©2020 par Monique Schaller.

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